Guillaume,
Avec toi, rien n’aura été ordinaire.
Souviens toi qu’à l’occasion d’une sortie de reprise tu avais trouvé le moyen d’improviser le plus barge des water-jump, dans un bassin d’irrigation improbable déniché au bord du sentier, en plein mois de novembre, sans tenue de rechange et à 2H30 de notre arrivée … on comprend aisément que tu étais fait d’un autre bois que nous autres.
Tu n’oublieras pas qu’à l’occasion d’un périple pour une Coupe de France tu t’étais pointé au rendez-vous avec un régime de bananes intégralement avalé pendant le long trajet.
Là, on commence à se dire qu’on a à faire à un sacré coco.
Et que dire du concept de sortie longue appelée « Carte Bleue » en compagnie de tes compères de débauche cycliste, consistant à prendre n’importe quelle route qui vous amène au bout du monde sans réfléchir à l’idée d’un retour … la carte bleue finissant toujours par sauver la mise pour s’acheter une paire de tatanes et un short parce qu’on se retrouve à Grenoble comme une fleur et qu’il faut bien trouver un coin pour dormir sans son cuissard et ces pompes à la con …
Des anecdotes, on en ramasse à la pelle, toutes aussi réjouissantes les unes que les autres.
Tu as eu une trajectoire unique, d’une densité incroyable, comme si tu pressentais qu’il te faudrait écrire ton histoire bien plus vite que nous autres.
Grâce à toi on a pu vivre la vie à 200 à l’heure, sans limite, avec une joie permanente, tout n’étant jamais qu’un jeu.
Grâce à toi et à ton extraordinaire capacité à te battre contre la douleur, on sait peut-être mieux relativiser nos peines et nos souffrances.
Tu as fait la guerre comme personne à cette saloperie de maladie et tu as su magnifier ce combat en nous montrant qu’il n’y rien de pire que la routine dans nos existences, rien de pire que nos craintes maladives, nos certitudes, notre confort stupide …
On pense très fort à Marion, à Albane. A ta famille.
Nous ne sommes que des compagnons de route et des sentiers mais qu’il sera dur de retourner dans la colline sans ton rire et ta gouaille.
À ton Etoile, mon ami, celle qui brillera sans fin tout là-haut.
À ton Etoile, ton plus beau terrain de jeu, où ton âme se faufilera entre les pierres et la bartasse.
Du Taoumé au Col de l’Amandier,
de la Tête à Jacquot à l’aire de Moure,
du Col Sainte Anne au Mont Julien.
À ton étoile …